Voici déjà plus d'une décade passée, Triste bilan du temps oeuvrant à l'infini, Comme le flot furieux use le gros rocher, Il cherche à nous précipiter dans l'oubli.
Mais ce temps qui se joue de notre mémoire ? Peut-il donc effacer ce qu'il a fait de nous ? Des hommes achevés, taillés dans l'ivoire Tels des roseaux pensants, résistants au vent fou.
Il est toujours bien vif ce souvenir d'hier, Avec la science des mots d'essence pure Je m'essayais ainsi à vous satisfaire C'est sûr, sans vous, que serait mon écriture ?
L'élégance du scribe fait le musicien, Ces si jolis mots sont devenus mélodie, En un mélange harmonieux et aérien, Dans mon esprit chantent leur douce prosodie.
Pour bien nous instruire il faut un bon maître, Pour lancer le feu la flamme doit être belle, De votre complicité j'ai pu renaître J'étais le bois sec… vous étiez l'étincelle !