Tu veilles tard, soleil, et tu te lèves tôt. L'été n'est point, pour toi, la saison des vacances ; Car, outre les rigueurs de l'horaire, il te faut Produire une chaleur, un éclat, plus intenses.
A quoi penses-tu donc lorsque, faisant chemin, Tu dores tous ces corps allongés sur les plages ? N'es-tu pas irrité de voir le genre humain Paresser de la sorte alors que tu voyages ?
Si je te parle ainsi, c'est que l'autre matin, En regardant monter ta belle flamme ronde, Je crus ouïr ceci, qui me parut chagrin : "Ah ! Quel rude métier que d'éclairer le monde ! "
Va, ne sois plus amer, janvier te vengera : Tu ne devras alors que d'infimes journées, Et ta clarté tardive à son tour trouvera Nos foules avant l'aube aux travaux retournées.