Ainsi j'aurai vécu, dévoré de ces fièvres, Sans les voir s'apaiser ne fût-ce qu'un moment, Et rêvé de sentir, mais toujours vainement, Le papillon Amour se poser sur mes lèvres ; Je l'ai chassé parfois, d'autres fois appelé, Mais quand je l'appelais il s'en était allé.
Si d'amour mutuel un cœur aimant s'éclaire, Rarement ce bonheur consent à se former : Ce n'est pas tout de plaire, il faut encore aimer, Et ce n'est rien d'aimer, il faut encore plaire... Sans doute quelquefois n'ai-je point trop déplu, Mais ce n'était jamais à qui j'aurais voulu.
Parfois je dédaignai, parfois je fus sensible ; Je fus sensible alors que j'étais dédaigné, Mais au doux intérêt qui me fut témoigné, Mon cœur resta fermé tel un fort invincible. D'une part mes échecs, de l'autre mes refus, M'ont fait échouer seul loin des beaux jours perdus.