J'ai tiré la lourde charrue Du temps des labours familiers, Dans cette époque disparue Aux durs travaux animaliers. Les jours étaient irréguliers Sous l'effort qui se dissimule Alors, par ces jours singuliers, N'oubliez pas la vieille mule.
Ecoutant une voix bourrue Aux accents si particuliers, J'ai vu la terre parcourue, Les champs pas très hospitaliers. Si j'ai connu les lourds colliers Et la peine qui s'accumule, Je dis aux nouveaux écoliers, N'oubliez pas la vieille mule.
Une machine est apparue Pour changer les jours séculiers Et la campagne si courue A fait palce aux fiers cavaliers. En songeant aux vieux rateliers, Tout mon beau passé s'accumule Mais vous, souvenirs réguliers, N'oubliez pas la vieille mule.
Princes, courant loin des halliers, Vous que la vitesse stimule, Malgré vos parcours par milliers, N'oubliez pas la vieille mule.