Ballade du ministre qui ment
Monsieur prétend, au fil de sa chanson,
Vivre une vie aux choses ordinaires,
Sans la fortune à la douce moisson
Qui vient sourire aux heureux millionnaires,
Aux doux nantis et tous leurs congénères;
Lui prend soudain son plus bel air chagrin
Pour nous cacher son fonds de malandrin,
Ses vils péchés, de curieuses histoires
En nous offrant ses talents oratoires;
Vous déballer tant de vertus notoires,
Écoutez-le, ce ministre qui ment.
Ce saint du ciel vous ferait la leçon,
Vous prodiguant des mots imaginaires
À vous donner comme presque un frisson,
Même le prince aux accents débonnaires;
Lui sait plaire au futé, même au malin,
En manœuvrant comme un vrai sous-marin;
Dans les salons, les cocktails dinatoires;
Regardez-le, cet être désarmant,
Vous racontant ses belles trajectoires,
Écoutez-le, ce ministre qui ment.
Voilà notre homme avec sa bande-son
Aux jeux subtils mais jamais doctrinaires,
Fait pour ravir même les fonctionnaires;,
Les yeux tout doux sortis des séminaires;
Chacun sourit au bel homme arlequin*
Et fait chanter ses brillantes victoires;
Voyez le roi dans son bel élément,
Ces banques et chambres compensatoires,
Écoutez-le, ce ministre qui ment.
Princes, pareils à ce gentil coquin,
Vous qui portez ses habits de gredin
Le cœur serein, les comptes méritoires,
Formant ensemble un bel assortiment
Qui vous vaudraient de beaux réquisitoires,
Écoutez-le, ce ministre qui ment.
