Il est venu de loin, d'un pays de galère, Porté pendant des mois par des bras étrangers Recherchant du travail; l'âme et le coeur légers, Il rêve très souvent du tout premier salaire.
Lui, l'instrument joyeux, de partout populaire, A fait de ses joueurs autant de messagers Dans la si grande ville aux cent mille dangers Où le monde en fureur sans arrêt s'accélère.
Maintenant le voilà, le long d'un grand trottoir, Sur la place publique ou tout près d'un comptoir, Les poumons préparés pour égrener ses notes.
Comme son vieux cousin, le doux bandonéon, Pressé par de longs doigts ou de douces menottes, On l'entend tout à coup, le bel accordéon.