Puisqu’il avait souffert, puisqu’il était brisé, Après avoir reçu d’innombrables blessures Dans des jours de souffrance avec des yeux cassés, Quand j’avais ressenti des émotions trop pures, Soudain je l’ai saisi d’un revers de la main Comme un vieil ennemi poussé vers la sortie ; Moi qui ne croyais plus aux nouveaux lendemains, Tout à coup j’ai jeté mon vieux cœur aux orties.
Nous avions bourlingué dans de nombreux parcours, Visité des sentiers et couru mille routes, Insouciants et libres en laissant libre cours À nos folies sans fin en écartant le doute ; Le temps nous a guetté tel un méchant croquant, Lui qui voulait broyer d’anciennes sympathies ; Alors n’y tenant plus, face à ce mécréant, Tout à coup j’ai jeté mon vieux cœur aux orties.
Comme dans les refrains, comme dans les chansons, J’ai vu l’amour s’enfuir au fil de mes semaines Avec ces drôles d’air, ces drôles de façons Qu’un Cupidon cruel sans arrêt nous ramène ; Pensant qu’il reviendrait s’installer pour toujours, Je l’ai guetté ; alors, après des amnisties, Des pardons, des regrets, d’innombrables recours, Tout à coup j’ai jeté mon vieux cœur aux orties.
Pourtant s’élève en moi, au fond de mes pensées, L’envie de repartir, de retrouver ailleurs Les mots d’un vrai bonheur et des joies évincées, Retrouver l’existence, ce qu’elle a de meilleur. Je le reprends ainsi et le sors de l’enfer Avec ce long vécu d’une femme avertie Et, loin de mon passé, loin des rêves amers, Je fais un grand bouquet et brûle les orties.