L'havre de paix, les vers du vert vers le Havre
Denses les couleurs sans leurre de Seine dansent
Vers mille verts, je gomme l’hiver d’une naissance
D’un printemps, de l’indécence de cette enfance
Et de cette abondance, de cette appétence
Je fais allégeance et je tente l’élégance
Des mots, Séquana pour décrire haut, Ô ton eau
Ici bas, tes bateaux, tes tons en dicton, tôt
Quant à tes cantons, dit-on, ils t’aiment et font tant
Que de mon ponton, je conterai tout autant.
Que je busse tant de verres d’eau
Que je visse tant de verts d’eau
Que j’allasse à vau-l’eau*
Pour décrire ce joyau
Vert, vers où mènes-tu ?
En vers, vers la vertu
Car
Sévère, si versatile
C’est vers des vers utiles
Que le poète vit son style
Et s’isole sur son île
Les verts sont comme les touches du pianiste
Une gamme complète pour le coloriste
Je me suis cru musicien et botaniste
Pour en décrire et jouer la longue liste
Soudain la verve me vins en vers sans pareil
Je vis le vert émeraude, anglais, bouteille
Canard, céladon, chartreuse, glauque et jade
Kaki, pers, je continuai la sérénade
Malachite, olive, prairie et pistache
Vert prasin, clair et tendre vers un panache
Vert sapin, sinople, sauge, gris et tilleul
De ces verts du printemps, que mes yeux cueillent et recueil
Concentrés sur l’eau, vîtes-vous le vert saule
Le vert olive, les reflets de ses épaules
Séquana, déesse, sainte et moi ton pâtre
Regardant les moutons du ciel, tons verdâtres
Blanc-vert, grisâtre, kaki, vers de gris et gris-vert
Les vers de terre sienne vers les verts de terre
Complètent la palette, vert cadmium, cobalt
Vert, de cuivre, de chrome, de vessie pour une halte
Repartîtes-vous vers le verdaccio marine
Et finir d’un pigment phthalocyanine…
Que je busse tant de verres d’eau
Que je visse tant de verts d’eau
Que j’allasse à vau-l’eau*
Pour décrire ce joyau.
*en vieux français suivre le fil de l’eau