Pluie grisâtre des villes où mes sens en éveil Aspirent vainement à trouver le sommeil Je hais tes flaques d'eau manquant de poésie Où des marmots pourtant dans tes yeux s'extasient
Maussade pluie des villes où glissent au fil d'une eau Vile et veule à souhait de papier tes bateaux Fragiles équipages de la mélancolie D'une enfance qu'au fond des rues le ciel oublie
Pluie de larmes de coeurs trempés plus qu'à leur tour Emporte au fil des ans le vide des amours Et viens mourir au bord d'un pays de ténèbres Où le vent des regrets entonne un air funèbre
Pluie fertile des champs où la terre embourbée Souhaite incessamment se voir ensemencée J'aime tes longs canaux drainant le rude effort D'un monde paysan vers on ne sait quel port
Douce pluie de l'été recouvrant d'une housse D'humide tiédeur une herbe bien trop rousse Qu'un astre forcené voulait à petits feux Entraîner à tout prix dans son orbe radieux
Pluie de larmes de joie sur un couple exalté Par l'amour de deux coeurs l'un à l'autre accordés De tendresse inondés de bonheur submergés Et dont l'âme s'éprend soudain d'éternité
En se mirant en toi miroir polyvalent On se voit tour à tour solitaire ou amant Tu es la double image et le double reflet Que reprend ce refrain que chantaient mes couplets
Fais mentir le proverbe et qu'après ta venue En place du beau temps nous revienne la nue Abreuvant les sillons de la terre et des coeurs Prémisses délicieux à de joyeux labeurs