Elle est assise sur le revers du temps Figée de silence comme une statue Les illusions fanées depuis longtemps La lèvre close de mots qui se sont tus.
Elle laisse la vie enjamber ses jours Enveloppée dans une épaisse solitude Et l'affront d'un bruit qui l'entoure Agace d'ennui sa constante lassitude.
Le pied incertain, elle marche à tâtons De front bas, vouté sur ses hanches Appuyée lourde sur son vieux bâton Le regard vide sous sa tignasse blanche.
Ainsi, ses gestes toujours les mêmes Tel, un rituel qu'elle aurait consenti De matins tristes et de soirs blêmes Dans un quotidien gavé de mélancolie.
Son temps en recul esclave d'un passé Que ses pensées réveillent les souvenirs Et quand les rêves émus sont réchauffés Vont paisible dans son cœur se rendormir.
Elle attend assise sur le revers du temps La griffe sévère qui saisira son heure Un jour d'été, d'hiver ou de printemps L'âme clôt quittera sa demeure.