Petits matins d’été, esquissés et crémeux, Sur l’étang engourdi où nulle onde ne cille, L’aube a plombé d’azur le ciel alumineux, Embrasant l’orient de rouge cochenille.
Les flamands ont surgi, longs vaisseaux éthérés, Aux plumes corsetées de mousseline pourpre, Affleurant le flot bis, pour s’offrir aux risées Du levant alangui que le soleil empourpre.
Ils ripent sur les eaux, patineurs éphémères, Dans les langueurs du jour, assoupis et flâneurs, Avant de se piquer dans la boue nourricière, Et fouir le limon de leur cou maraudeur.
Ils s’endorment enfin, prémices du couchant, Dans la tiédeur des soirs, hiératiques sculptures, Piquetant de corail le lagon chatoyant, Et voilant, pudibonds, de l’aile la diaprure.
Qu’un cri effarouchant alarme les ajoncs, Éveille des oiseaux la lente frénésie Une gerbe safran inonde l’horizon, En mille éclaboussures de rose cramoisi.