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Michel VALAT

SARAH

SARAH



Elle l’a perdue de vue dans la foule pressée,
Sur la pointe des pieds, elle l’a cherchée des yeux,
Vainement attendue, vainement espérée,
Sans avoir eu le temps de lui dire un adieu.

Elle a serré très fort sa poupée de chiffon,
Lissé l’étoile jaune qu’elle lui avait cousue,
Du dos de sa menotte, comme pour un pardon,
Tout en cherchant maman. Elle avait disparu.

Et puis on l’a hissée dans un wagon immonde ;
La porte l’a murée dans la pénombre glauque,
L’odeur l’a infestée, grasse et nauséabonde,
Elle a gardé son souffle avant qu’elle ne suffoque.

La lune souriait par-dessus la clairière,
Peignant sur sa poupée, des rayures bistrées,
Un sifflet retentit et des chiens aboyèrent,
Le train a démarré quand le jour jaunissait