Sur le chemin menant aux éternelles neiges, Se dresse un vieux moulin aux couleurs délavées. Les murs de la maison, vieillis, ternis et beige Portent encor les traces d'un élégant passé.
Si je ferme les yeux, j’entends chanter le feu, Je vois danser les flammes, joyeuses étincelles, Pourléchant le bois qui, dans un soupir heureux, Inonde de reflets l'âtre de nos prunelles.
La froidure a glissé sur l'abrupte toiture Où, alanguies, offertes, les tuiles en ardoise S'empressent de soigner leurs plaies et leurs gerçures Sous les tendres sourires du printemps qui pavoise.
Lorsque l’aurore pointe ses doigts de virtuose, Les ailes du moulin, sous les assauts du soleil, Craquent joie et tendresse, jusqu’à l’apothéose, En écoutant de l’onde, les soupirs en éveil.
La roue joue avec l’eau d’un torrent enjôleur, Sautille sa gaieté sur l'aube mélodieuse, Entonne le refrain enchanté du bonheur, Symphonie de l'écume, romance merveilleuse.
Les sapins ont perdu les guirlandes de givre Où se mirait la lune les nuitées de froideur Mais le printemps est là avec force de vivre Et regarde, étonné, naître et pousser les fleurs.