En ce début de juin, au coeur de la Provence, S’écrase le soleil et la route transpire. Les flancs des montagnes livrent leur sénescence, Usés par les saisons venues s’évanouir.
Et la route s’enlace aux mémoires du Temps Tout comme le présent épouse le passé Pour donner à demain les coutumes d’antan Et offrir aux enfants leur raison d’exister.
La rue principale, de badauds envahie, Retient son souffle, suspendue à l’instant Où les traditions renaîtront à la vie Dans ce monde en marche, pressé d’aller devant.
La frénésie gagne villageois et flâneurs, Le soleil en sueur perle sur les visages Sans jamais entamer la joie, la bonne humeur Qui règnent en ce jour où se mêlent les âges.
Pipeaux et piccolos appellent à la danse, Jeunes et moins jeunes ont le coeur en liesse Et l’âme enracinée en ce sol de Provence, Terre des Alpilles, chante son allégresse.
Les sabots des mulets martèlent la chaussée ; Une cloche en bronze se pend à leurs garrots Et laisse échapper la chanson des bergers Qui quittent la vallée pour la voir de là-haut.
Comme leurs ancêtres depuis la nuit des temps, Ils mènent les moutons paître dans les alpages Où ils séjourneront de très longs mois durant, Isolés d’aujourd’hui, de leur vie au village.
Encerclé par les chiens, si fidèles gardiens, Le troupeau de laine déboule à vive allure, File vers son destin sans peur des lendemains Répondant à l’appel des crêts ivres et purs.