Torrents, rivières, mers aux larmes salées, Fleuves et océans aux humeurs imprévues, Prenez les oripeaux que la vie a froissés Aux saisons de l’ennui et des révoltes tues ;
Le silence se noie dans le bruit de vos eaux, L’ami des jours déçus et des nuits opalines, Tel un cri retenu qui s’éteint dans les mots Sur les lèvres d’hiver aux gerçures sanguines.
Sous le souffle du vent se creusent vos rivages Et se ride le Temps dans vos flots onduleux, Agonie de l’âge déformant les visages Aux bonheurs oubliés dans l’océan des yeux.
Rêves et étoiles allument vos miroirs Et brûlent les douleurs, grimaces du passé Figées dans les glaces noires du désespoir, Sur le bûcher de l’âme où le coeur s’est penché.
Vos courants emportent les instants immobiles Et le printemps renaît sur la peau nue du jour ; Sous les draps de l’aube voyagent les idylles, Petits poissons-lunes aux couleurs de l’amour.
Que vous soyez torrents aux cours enflammés, Rivières ou mers, fleuves ou océans, Emmenez les chagrins des hier conjugués Et montrez le chemin de la vie aux amants.