Elle a mal à sa vie
Le soir, vêtu de noir, a éteint l'horizon :
Condamnée à vivre à l'ombre du soleil !
La mort, sa geôlière, accoudée au balcon,
Attend, patiente, son dernier sommeil ;
Elle a brûlé son coeur dans le feu de l'Enfer,
Les étoiles, sa vie et ses rêves aussi.
Elle a vu son regard glacé comme l'hiver,
Senti sa main de fer libérer sa folie.
La mort, de nuit vêtue, l'a choisie comme élue,
A broyé ses pensées et fêlé son âme,
Inondé de chagrin l'espérance déçue
Et jeté dans le puits et l'oubli et le blâme.
Otage et esclave, complice du bourreau,
Elle attend, en silence, l'instant de délivrance,
Un ultime cadeau, sans doute le plus beau :
Un aller sans retour au pays de l'errance.
Elle a vu son regard glacé comme l'hiver,
Senti sa main de fer libérer sa folie.
Elle a mal à sa vie, elle souffre dans sa chair,
Elle a froid, elle a peur, elle cherche la sortie.
Accablée de larmes, de douleurs, de malheurs,
Elle n'a plus la force de soulever sa croix.
L'Eden est un jardin, sans pleurs, juste des fleurs.
Elle est prête. Elle attend sur le bord de sa foi.
2003