Silence ma douleur, l’amour dort au tombeau, Lassé par les heures d’un combat immobile ; Le vide sous les yeux, l’amer au bord des cils, Il dort à l’agonie, les cendres en manteau.
N’est-il pas étrange d’aimer une souffrance, De chérir un bonheur enfoui sous les décombres, D’éteindre le soleil de peur d’oublier l’ombre, De nier, dans un cri, le jour de sa naissance ?
Il pleut la tristesse d’un coeur en bandoulière, Souillé de déshonneur hypocrite et blessant ; Une épine à l’âme l’a vidé de son sang, L’abandonnant, mourant, aux glaces de l’enfer.
Les sanglots de la peine, de courroux enflammés Et d’infamie repus, gouttent leur violence Avant de se mêler à l’eau d’indifférence, Avant de devenir souvenirs du passé.
Quand s’éveille le vent au printemps revenant, Que le coeur endormi sort de sa léthargie, Du regard s’effacent les brumes infinies Et renaît l’étincelle à l’océan du temps.
Ecoute ma douleur sonner le glas des larmes, Le chagrin chiffonné onduler sous l’adieu ; Du tombeau au berceau, de la nuit au ciel bleu, Tu n’étais qu’un instant, l’amour aux mains des armes.