L'hivernal furieux crache sur le visage Les épines d'un vent de glace et de malheur : La neige est son pays, le froid son paysage, Sa rage la gerçure aux lèvres du rivage. L'onde claire du lac grimace de douleur, Sous son masque d'effroi se grumelle son pleur.
Dans les yeux de l'hiver, un impossible pleur Un regard moribond et des joues sans visage. Immobiles, alignés, figés dans leur douleur, Les bancs aux doux baisers délaissés au malheur Rêvent aux souvenirs des amants du rivage S'aimant dans la verdure sous l'oeil du paysage.
Ô fatale beauté j'aime ton paysage D'amer et de douceur au secret écrin d'un pleur, Le froid et sa brûlure offerts à mon rivage, Une lame rougie posée sur mon visage Pour le purifier du mal et du malheur Et empêcher mon coeur de couler sa douleur.
Ta couleur virginale écrase la douleur D'une âme sans lueur, privée de paysage Par un nuage noir aux larmes de malheur, Et sur les bancs d'amour, tu as gelé le pleur Des promesses trahies, du plaisir sans visage, Des sentiments volés, un jour, sur ton rivage.
La blancheur du linceul habille le rivage : Au caveau de l'hiver se tait toute douleur, Doutes et faux-semblants glissent sur le visage, Et sous le masque mort renaît un paysage Plus tendre, plus pur, plus vrai, le bonheur sur le pleur, Le velours sur les fleurs, la vie sur le malheur.
Au visage du temps s'efface le malheur… Demain le paysage, les bancs et le rivage Oublieront la douleur, l'amertume et le pleur.
