Un frisson dans le dos, l'horreur dans une larme, La nausée dans la bouche en voyant ce regard Perdu sur le trottoir, l'enfance en étendard, Où se lisait la peur de l'homme et du gendarme.
Arrachée à ta vie, tes parents, ton village Dès l'âge de 9 ans, tu vendais ta candeur Aux mâles d'Occident à l'âme en puanteur Venus trouver plaisir dans les corps qu'ils ravagent.
Mais qu'ont-ils fait de toi, ange de l'innocence ? Ils ont sali ton sang, brisé ton avenir Te donnant leur venin avant de repartir Sans regrets ni remords, repus de jouissance.
Dans les rues de Manille à la laideur putride, Tu caches ton malheur et l'effroi dans un pleur, Ton ventre déchiré ne verra jamais fleur Grandir dans le bonheur car la mort y réside.
J'ai lu dans ton regard ton ultime prière : Tu réclames le droit de voler vers le ciel, De goûter au sommeil, de toucher le soleil Et d'oublier le vice qui sévit sur la Terre.