Je n’aurai pas le temps de vivre tout ce temps, Car ma main, posée sur le rebord de l’hiver, Sent le souffle du néant ricanant et fier La pousser vers un monde calme et apaisant.
Je n’aurai pas le temps d’embrasser tous tes pleurs Car le froid a gelé le désir sur mes lèvres, Figé les rivières bouillonnantes de fièvre Qui s’écoulaient dans mes veines en flots de bonheur.
Je n’aurai plus le temps de faire chanter mes mots Car la neige a pleuré ses larmes sur mes pages, Laissé des traînées de chagrin sur le rivage En emportant tous mes rêves et mes idéaux.
Je n’aurai plus le temps de regarder les heures Car au bout de mes cils se tend un rideau blanc, Ciel en coton qui essuie mes yeux larmoyants Inondés d’un hiver qui saigne sa douleur.
Je n’aurai pas le temps de poursuivre le vent Car son fluide glacial effrite mon cœur, Casse mes os, emporte mes jours de bonheur Et mes sentiments s’en vont en tourbillonnant.
Je n’ai que le temps de vous faire mes adieux Car j’ai trop froid d’attendre la belle saison Pour voir le printemps s’épanouir sans passions, Sans la rosée de tes « Je t’aime » dans les yeux.