Quand le soir doucement étreint le firmament La jolie funambule au teint de porcelaine Enveloppe les ombres de sa lueur sereine Cueille au gouffre de l’âme le coeur et son tourment.
Le mystère l’entoure depuis la nuit des temps De sa rive lointaine loin du monde sans-gêne Elle égrène les heures du royaume d’ébène Et offre aux curieux son regard envoûtant.
Amie des troubadours à l’amour fredonnant Elle écrit la romance à charmer châtelaine Penchée à son balcon écoute la rengaine De ce beau Roméo en habit de galant.
Quand le soir doucement épouse le passant Elle guide ses pas comme un bon capitaine Ramène les marins sur le bord de la scène Où attendent les femmes au désir bouillonnant.
Au berceau de ses bras elle apaise l’enfant Bercé au chant des lyres il soupire sa peine Essuie son sanglot long sur la joue de Sélène Puis s’endort en rêvant jusqu’au matin naissant.
Avant que l’aube pose son éclat insolent Elle épie le poète et ses mots à la chaîne Emue d’avoir été muse magicienne Echappe sur sa page une larme d’argent.