Entendez-vous le cri de l'enfant en souffrance ? Il frôle faiblement l'oreille du silence Un murmure arraché à son ventre martyr Gonflé aux pleurs du vide et aux yeux de sa mère Qui cherche un grain de riz sali de poussière Pour taire sa douleur et sa faim de mourir Espérant un instant le temps d'une prière Que l'enfant de sa chair sourie à l'avenir.
Regardez son visage où plus rien ne s'étonne Son corps aux os saillants que la vie abandonne Voyez-le si fragile avancer sa maigreur Le poids lourd de la mort courbant sa frêle échine Sous chacun de ses pas la plainte se devine Se taisent ses sanglots épuisés de malheur Et gémissent ses cris las de crier famine Il ne sait plus rêver demain est sans couleur.
Ne baissez pas les yeux apprenez son courage Voyez sa mère en pleurs sans gouttes de laitage Tremblant de désespoir sous le plomb du soleil Décharnée comme lui par la faim et la guerre Combien de malheureux oubliés sur la Terre Attendent résignés l'heure du Grand Sommeil La Vie assassinée par la main meurtrière De potentats cruels à l'ego sans pareil.
Le sable du désert cache l'or sous la cendre De femmes et enfants partis pour l'âme rendre Sous l'oeil indifférent des nantis de bonheur A l'unique souci de grossir bas de laine De jouir de l'amour de l'assiette pleine Ont-ils plongé souvent leur regard dans le coeur De l'enfant mort-vivant essoufflé par la peine ? Et vous qu'avez-vous vu dans ses grands yeux sans pleur ?