D’étranges grincements à la rouille de l’âge Raniment la douleur enfouie dans la mémoire ; Le grenier prisonnier d’un secret, d’une histoire Agite les ombres d’un passé sans visage.
La raison se dénoue sur le fil de l’effroi. Aucun hôte ne vit en ces lieux poussiéreux : Vieux meubles et cartons attendent les adieux Peluches et poupées grelottent dans le froid,
Et ce bruit lancinant qui gémit en cadence Tel la plainte d’un ange enfermé dans le noir Appelant sa maman, la voix en désespoir, De larmes envahie et noyée de souffrance.
Objets inanimés, j’ai remisé votre âme Sous les tuiles du temps, sous le toit des années Mon esprit se dérange à ces folles pensées Où vos lamentations à l’enfer me condamnent.
Au fond d’un souvenir, je revois une main Tendre de jeunesse, douce de caresses, Apaiser les sanglots d’un enfant en détresse Egaré dans la nuit d’un monde sans destin,
Je revois cette main sur le bois du berceau Invitant au sommeil ses paupières fines, Un bercement d’amour sous la lune opaline, Les yeux affectueux brillant comme un joyau.
Des trésors oubliés dans des coffres anciens, Des journaux, des vélos, des chaises à trois pieds, Un landau défraîchi, des cahiers d’écolier, Une vie en morceaux pleins de tout, nus de riens ;
Pourtant, dans ce grenier, aucun berceau de bois… Ma mémoire grince des souvenirs absents, Des pleurs inexistants, un ventre sans enfant, Tu aurais dû être mais on m'a privée de toi.