Une atmosphère étrange enveloppe le soir Comme si la mort jetait un voile de respect Sur les heures, le jour, les pages de l'histoire, Et guettait le moment où ses yeux baisseraient.
Un silence retient le temps qui s'est enfui, Comme si un volcan à l'éveil paresseux Surgissait doucement de ses siècles d’ennui Et l’annonçait, fronçant ses sourcils anxieux.
Les oiseaux se sont tus. Ils ont senti la mort… Entêtée, affamée, elle cherche sa pitance, Bascule les rochers, bouscule le décor, Invite le volcan à cracher son essence.
Pour s’éclaircir la voix, le monstre vocalise Et tous les alentours bougent sous sa puissance, Et comme du cristal chancellent puis se brisent En un assourdissant fracas de dissonances.
Jaillissent de son cri vapeurs et fumées noires, De roches anciennes à l'amer incendiaire, Et écrasent la vie fuyant son désespoir En arrachant son cœur et ses douces lumières.
Les corps ensevelis sous un linceul de cendres Ne sont que les victimes des folies utérines D’une mère fragile ne pouvant se défendre Contre toutes attaques des passions divines.
Les océans, les lacs, les torrents, les rivières Déversent violemment leurs furies maladives Pour repousser plus loin la mort et la misère Espérant effacer les douleurs affectives.
Une atmosphère étrange enveloppe mon coeur Comm' si la mort fuyait l'émotion meurtrie Laissant danser le feu, les émois, le bonheur Sur les pages d’un livre ouvert sur l’infini.
Sous ma peau habillée aux couleurs de l’hiver, Endormie sous la neige, sous les ans assassins, Coule la vie, le sang, le destin de ma terre, L'éternel torrent, la lave de demain.