Assis devant le chevalet de ses nuits blanches, Le faussaire, sur la palette de son cœur, Cherche le bonheur qui habillera ses dimanches : Perdu d’avance ! Il a mélangé les couleurs.
Dans l’azur du ciel il a trempé son pinceau En quête de ce bleu qui chasse la froideur Et offre son rire aux yeux plongeant dans son eau : Perdu d’avance ! Il a confondu les couleurs.
Du bout de ses ailes il a effleuré le soleil En lui volant de la poudre d’or et de chaleur Pour transformer sa toile en pays des merveilles : Perdu d’avance ! Il a humilié les couleurs.
A la recherche du rouge de la passion, Il noie dans la lave d’un volcan ses malheurs Et peint sur les murs de ses rêves l’émotion : Perdu d’avance ! Il a oublié les couleurs.
Son pinceau a dérapé sur des évidences Sur le vert du printemps se dessèchent les fleurs ; Peindre des fleurs anciennes en fleurs de jouvence : Perdu d’avance ! Il a trop rêvé les couleurs.
Depuis, il erre dans le musée de sa vie ; Pourtant, il a tenu dans ses mains le bonheur Mais d’un chef-d’œuvre a voulu faire une copie : Perdu d’avance ! Lui reste les pâles couleurs.