Il peut être murmure ou douce mélodie Aux sons harmonieux, légers ou langoureux Sous l'émoi il rougit, chavire dans les yeux, Se pose sur la bouche puis s'envole, conquis,
Tel un ruban d'amour enroulé aux nuages ; Rond comm' un anneau d'or, il épouse le nu, Brode en fils de satin l'aurore dévêtue, S'abandonne aux baisers et se donne en partage.
Emoulu à l'amer, il abîme le coeur : Une sourde douleur coule dans le silence Des projets oubliés, des jours d'indifférence, Du désert qui avance sur l'océan en pleurs.
Aux rancoeurs endormies dans le foyer de l'âme, Il réchauffe sa lame au coeur de la blessure ; De sa pointe acérée crève l'abcès impur D'où il jaillit blessant, méprisant et infâme.
Si, usé par l'ennui, il ne sait plus que dire, Il creuse le tombeau de sa vie en lambeaux, Jette ses oripeaux et trouve le repos : Le passé enterré, l'avenir peut sourire.
Qu'il soit doux ou ému, déçu ou retenu, Manqué ou éperdu, cinglant ou caressant, Il est le mot, le coeur, le pleur ou bien la fleur, De l'amour à l'amer, du malheur au bonheur.