Le désert étire sa mer de diamants Et l'astre au pinceau d'or, en maître des lumières, Dessine danseuses au ventre d’Orient Sur les grains de sable, les dunes et les pierres.
Sur cette immensité, à l'infini du temps, Règne un sultan jaloux mais aussi orgueilleux ; Une jeune femme, aux vagues de ses yeux, Noie sa naïveté dans le vert océan.
Elle rêve de nager au profond de son coeur, D'apprivoiser son âme, d'être son avenir. Brille sous la lune le palais des soupirs, S'écoule le sable de leurs doigts de bonheur.
Les aiguilles des jours tournent sur le cadran ; Au jardin de l'absence et de l’indifférence Pleurent les silences, chagrins en transparence, Tandis qu'insouciants, rient et jouent les enfants.
Telles des taches d’encre au bas d'un écritoire, Des ombres salissent la terre ensoleillée. Pour retrouver l'été et sa sérénité Elle s’isole sur les rives de sa mémoire.
Le désert avance dans l'océan muet Tandis que le sultan la couvre de parures, Habille son palais de barreaux en dorures. Aux voiles de la nuit, elle pend sa destinée
Favorite soumise, au regard de tristesse, D'un sanglot de rosée arrose son jardin, Amertume de lune en larmes et crachin Et brûle le velours des roses de tendresse.
De sa cage dorée s’évadent ses pensées De dentelles brodées en mots de poésie Qui l’envelopperont au terme de sa vie Quand la mort ouvrira les portes du palais.
...
Le sultan, un matin, sort de sa forteresse ; Il porte, entre ses bras, son épouse adorée, Son corps inanimé. Elle s'était envolée Laissant aux silences tous ses cris de détresse.
Sur le marbre, ces mots gravés à tout jamais : « Elle était libre……………… de m’aimer »