Même si la douleur étreint mon coeur infirme Et tord ma solitude jusqu’à l’ultime larme Me laissant, à genoux, sous le joug de son arme, Je noierai dans l’oubli ce mal qui me comprime.
Jamais plus, à mes yeux, l’océan et son pleur, Son écume de sel sur ma joue en brûlure Creusant profond sillon pour toucher l’âme pure Et tourner, dans la plaie, le couteau du malheur.
Je veux vivre debout, l’horizon en miroir, Peindre sur mon visage au teint de porcelaine Le pourpre d’un ciel sans nuages de traîne Et, sur mes lèvres blêmes, la passion du soir.
Si un souffle mauvais, puissant et destructeur, Tente de soulever le sable de mémoire, De draper l’avenir du linceul de l’histoire, Il me traversera sans m’arracher le coeur.
Jamais plus une chaîne ensanglantée de rêve, D’étoiles et de lune pleurant à la fenêtre, D’aubes voilées de brume et de vagues à l’être, D'un océan amer échoué sur la grève.
Je vais vivre debout, l’esprit vif et rebelle, Libre et déterminée, la pensée insoumise, Croquer à pleines dents la vie en gourmandise, Le regard souverain tourné vers le soleil.