Sur le trottoir de nuit mouillé de sanglots longs La lune chagrine soupire sa nocturne, Le silence et le bruit se noient dans la même urne, Les pas d’un passager à la morte-saison.
De ses cheveux de pluie il écarte sa peine : Elle brûle son regard au feu de l’amertume Et l’horizon s’enfume aux vapeurs de brume Où blessé, nu d’amour, l’homme crache sa haine.
Il perce le brouillard d’un doigt accusateur, Du fond de son âme ricane l’agonie ; Sa raison se dilue dans les eaux de sa vie, Et la rage à ses pieds martèle sa douleur.
Il fait triste ce soir… il pleut sur son histoire ; La lune détrempée ne cesse de pleurer Le doute et le regret de n’avoir su aimer Le soleil et l’été nageant dans le miroir.
Passager de la pluie, il traverse la nuit : Elle est son refuge en gris de solitude, Le ciel en larmes, sa noire sombritude Mais au coin de la rue le jour l’attend sans bruit.