La solitude nue lisse la roche altière Sur la route d’hiver enlacée par le vent, Amant aux doigts de glace, au courroux violent, Donnant à l’aube pâle un miroir de lumière.
A flanc de montagne, le temps suit doucement, Les lacets nouent le coeur, l’horizon et les heures ; Mon destin monte lent en silence et en pleurs, L’amour n’a pas d’ailleurs, il brûle sous le blanc.
Les flocons de la nuit ont coiffé les rochers ; Le soleil ébloui par la candeur gracile Effleure de ses cils le velouté fragile Et l’émotion naît dans mes yeux étonnés.
L’âme et les épines des sapins centenaires Etendent leurs branches tout de givre vêtues Offrant au clair matin leurs frissons retenus Sous un croissant du soir aux lueurs millénaires.
Les lacets se dénouent, s’ouvre un morne plateau : Champs à perte de vue, chevaux cherchant pitance, Le museau dans le froid tombé en abondance, Des touches de couleurs sur l’hiver en manteau
Et le temps ralentit sur la route en verglas, Oublié du printemps à la galante ardeur, Etouffé par l’ombre des sapins grands seigneurs Nourris à la lave des volcans nés plus bas.
Mon âme dévale l’amplitude joyeuse Le parfum de ta vie délicat de douceur Enveloppe mon coeur d’un ruban de bonheur Je rejoins la vallée… la tendresse rêveuse