M’aimerez-vous encor si je vous abandonne ? Si l’oubli est plus doux qu’un souvenir heureux Jetez-moi à jamais au silence des cieux, Dans le feu de l’Enfer et que Dieu vous pardonne.
Ne cueillez pas les fleurs si le soleil repose, Pourquoi ôter la Vie pour fleurir vos malheurs ? Se fanent les roses sur les tombes des coeurs Si vous donnez la Mort à l’Amour qui s’impose.
Fidèle à vos ombres légitimes ou mortes, Vous refusez l’éclat des aurores nouvelles ; Restez en vos hivers et repliez vos ailes, Consumez vos désirs et enclosez vos portes.
Ronces et épines, fantômes et démons, Laissez-les au gouffre des flots silencieux Et offrez à la Rose un soleil radieux, La rosée et le vent comme doux horizons.
Vous aimerai-je encor si je vous abandonne ? Si l’oubli est plus doux que la douleur suprême Je jetterai mon coeur sur une page blême, Mes entrailles aussi, et que Dieu vous pardonne.