Je ne suis qu’un soupçon. Quelle terrible nouvelle ! Un gros morceau de rien ? Un petit bout de tout ? L’inquiétude me prend. Moi, une bagatelle, Un murmure de vie, un soupir de mots doux ?
J’étais cendre d’amour le jour de ma naissance Sur le brasier du Temps, le père de mes ans, Lui qui m’a vue grandir, comble de l’insolence Pour une poussière, un point insignifiant !
O espiègle Nature ! le Temps m’a bien nourrie Et par le Sort gâtée, Moi, bout de l’Univers ! Je suis grande aiguille des minutes qui fuient : Adulée ou haïe, Paradis ou Enfer.
Je suis l’Etincelle dans l’âtre de la Vie ; Sous le souffle du vent, j’embrase l’horizon Et tous ses environs pour en chasser l’ennui Et faire un feu de joie, d’amour et de passion.
O étrange Nature ! Le Temps ride mes yeux En de minces sillons où petits riens du tout, Foetus en devenir, nous verront vivre heureux, Toi et Moi réunis, deux amis un peu fous.
Nous sommes deux fétus dans l’espace infini Deux gros morceaux de rien qui, à deux, font un tout ; La lune et le soleil, le Monde sous deux « i » Deux étoiles de vie qui rayonnent partout.
L’Univers est si grand et Nous si peu de choses Si nous nous alignions, tous autant que nous sommes, Nous ferions de la Terre un grand jardin de roses, Un bouquet d’amitié entre les mains des Hommes.