Des rêves les plus doux aux larmes d’adieu, Des vouloirs merveilleux aux flocons de sagesse, Les souvenirs blottis au jardin précieux Ont gardé la beauté des roses de jeunesse.
La carcasse des ans craque de désespoir Et joue aux osselets avec ma nostalgie Que ne s'effrite pas le mur de ma mémoire ! Que serais-je sans toi, douce mélancolie ?
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Sur ma chrysalide s'est posé le printemps, Ciselé les rondeurs d'une enfance gourmande, Allumé des flammes dans l'âtre adolescent Et donné à la vie la couleur de l'offrande.
Passante sans soucis, je frôlais l'existence, Sans jeter un regard à la belle ingénue Qui courait devant moi, sans une défaillance, Laissant au coin des yeux ces traces bien connues.
Puis l'été est venu brûler l'insouciance, Je ne conjuguais plus le temps à l'infini Pointait déjà l'automne et son indifférence Sur mon ventre mignon où était née la vie.
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Dans le miroir usé des aurores pâlies Se trouble le reflet des années dépassées, Visages amaigris, chevelures argentées ; Ne se reflète alors que les beautés cachées.
Nul besoin de livrer un combat à l'hiver Il nous enlacera quand l'heure sonnera ; Il cristallisera les lacs, les rivières Mais nos âmes repues jamais ne gèlera.
Je n'ai nulle hâte d'embrasser la dormance De mes jours d'automne, je savoure la douceur, Les délices de miel, la liqueur de jouvence Léguant aux souvenirs la vie et ses bonheurs.