Il charme l’auditoire d’un cil en battement ; De son regard amande doux et mystérieux Eponge la tristesse au voile de vos yeux Pour trouver en votre âme un tendre épanchement.
La caresse facile du jeune prétendant Vous émeut, vous fascine, vous trouble et vous séduit, Essuie votre chagrin sur le drap de la nuit Et parfume vos rêves d’effluves de printemps.
Quand le clair du matin mêle l’or à l’argent, Soulève les paupières et les corps paresseux, Il vous pousse hors du lit en petits coups nerveux : Son ventre crie famine ! Rêver il n’est plus temps !
Sa douceur légendaire cache un instinct violent. Comme ceux de sa race, il chasse la souris ; C’est son jeu favori pour tromper son ennui, Un jeu souvent mortel où s’invite le sang.
Nez au vent, sa conquête au jardin va flânant, Le coeur empli de fleurs, espère un amoureux Pour nourrir l’insomnie et son vide ennuyeux Mais ne pense un instant rencontrer malfaisant.
Et pourtant, il est là qui l’épie, qui l’attend, Préparé à bondir lestement et sans bruit, Prêt au macabre jeu de l’amour qui s’enfuit, De la loi du plus fort sur le faible pensant.
Le cri de la souffrance le laisse indifférent, Il jouit de la faiblesse et du regard vitreux D’une mort programmée par le jeu pernicieux D’un prédateur sans âme blanc de tout sentiment.
Las des proies bon marché son chemin traversant S’offrant sans retenue à son regard qui luit, Il choisit une cible pour plus grand appétit... De ce choix, il apprit à être moins gourmand.