M’aimerez-vous encor quand il aura neigé ? J’ai le doux souvenir de l’hiver à vos yeux, Vos yeux émerveillés par les flocons joyeux Posant silencieux leur cristal étoilé Sur le sol endormi où mourait une rose.
Ma mie, me disiez-vous, venez, prenez mon bras, Allons nous promener sur les chemins frileux, Longer les grands cyprès ornés de l’or des cieux, Goûter aux sanglots purs d’anges pleurant tout bas Sur le sol endormi où la rose repose.
Je suis, toujours, complice de votre émoi divin, De l’ivresse enfantine aux éclats merveilleux, Du regard allumé de flammes et de feux Quand viennent s’essuyer les larmes du matin Sur le sol endormi où se glace la rose.
M’aimerez-vous encor quand il aura neigé Sur ma vie, sur mon corps, sur mes cheveux soyeux ? Et reverrai-je encor l’éclat du cristal à vos yeux, Le reflet de votre âme près de l’âtre enflammé, La tendresse en hiver belle comme une rose ?