Faites place s'il vous plait, ô oui dégagez Tous ces murs barbouillés d'oeuvres rances qui puent De classicisme et de bonne conduite et tuent La nouveauté spontanée, la belle effrontée !
Mettons le blanc prés du blanc au milieu du vide Des formes molles aux figures inconnues Pour qu'au primitif ou à l'abstrait convenus L'Art de se renouveler ne prenne de ride
Sortons les couleurs des tubes et explorons La fragilité des vifs et des purs charnus N'allons pas jusqu'à les acoquiner tout nus Pour en primaire réapprendre chaque ton
Fiers, rejetons tout de ce qu'ont fait les anciens Ne pouvant être libres sans avoir vécus Puis, afin que tous alors soient bien convaincus Crachons plus fort sur l'Héritage pour seul Bien
Qu'à l'absurde et jusqu'au laid soudain s'ac-complice L'artiste en son pinceau bafouilleur ou ému Que bientôt le néant soit pour rire promu Au rang de Mouvement ! Quel insolent novice !
S'il faut en passer par là et voir bafouées Les règles de l'Art d'un bon coup de rouleau brut N'est-ce pas à payer un bien trop lourd tribut Pour ne se trouver qu'en passion et l'avouer ?
S'il faut en passer par là pour faire parler De soi, et vendre un soir un peu d'art ambigu Et trouver sa place dans ce monde exigu Qu'a-t-on fait de la tendresse et puis des idées ?
S'il faut en passer par là qu'enfin l'émotion Parle surgi de rien, au détour farfelu D'un manque de travail notoire et d'absolu Quand coeur et talent en ont les dispositions !
S'il faut en passer par là qu'Art et Homme soient Juste à plaire à leur ego toujours plus pointu Quand ils ne sont rien que poussière et fétu Sans sagesse ni vertu bien qu'ils ne le croient !
S'il faut en passer par là en notre siècle En un fou sempiternel recommencement