J'ai connu des nuits bleues sous les jupes des filles; J'ai goutté à l'extase aux bouts de leurs doux seins; J'ai visité l'Éden dans le miel des vagins Et ma jeunesse, en fait, semblait partir en vrille
Que de femmes ont mis le feu des sentiments En mon âme frivole, assoiffée d’aventures! Que de fois j’ai causé à ces fleurs des blessures Qui ont peint de sanglots tous mes exploits galants.
Pour avoir fait, hélas, sur les joues de l’aurore, Couler des larmes nues qui fourvoient la splendeur Des matins aux yeux purs et au front enjôleur, Les roses ont perdu le doux plaisir d’éclore.
Soudain, aux pas du temps, les vagues du destin Ont emporté, un jour, vers ton port, mon navire; Mon cœur a jeté l’ancre au comble du délire Et a connu, depuis, l’instant le plus hautain!
Ô Perle rare, enfin, tu désarmes mon âme Des caprices innés et de tous ses orgueils. Tes mains, ouvertement, exposent plein d’écueils Sur les nuits maquillées de ma tendresse infâme.
A l’assaut, ma fierté a voulu te défier Mais elle a carrément succombé à tes charmes Et mon cœur rebelle a vite rendu les armes: Tu l’as capturé et l’a fait ton prisonnier.
Moi, le malin, qui ai tant joué des fausses notes Au piano des Vénus aux cœurs si innocents, Ma vie a pris depuis lors un nouveau tournant Car l’amour brusquement m’a passé les menottes.
Le règne du destin, de mon vieux cœur vaincu, En a aussitôt fait un condamné à vie Face à mon châtiment, les fleurs de nostalgie Ont souri de me voir vivre en prince déchu.
Mais mon coeur est ravi d’aller purger sa peine Dans la prison sacrée de ton précieux amour, Au fond de la cellule où s'ouvre l'oeil du jour Au seuil de ton doux cœur. Oh Seigneur, quelle aubaine!