Un soir que je marchais par une nuit tranquille, Une femme sublime, modestement parée, Par la main m'a guidé, délicieuse sibylle, Dans les rues silencieuses et à peine éclairées.
Nous allons prestement dans les ruelles étroites, Nous filons en amants dans ses pas que j'emboîte, Dans cette douce fuite elle serre ma main, Sous ses gants je devine de très jolis doigts fins.
Son écharpe bleue nuit ondule au gré du vent, Je me laisse conduire, elle marche devant, Elle m'entraîne sûrement vers quelque lieu secret, Dans le rêve charmant dont elle se vêt.
Son joli manteau brun s'arrête à ses genoux, Et ses talons de cuir, qui battent la cadence, Sur les pavés grisâtres entraînent dans la danse, D'un amour naissant et pourtant déjà fou.
Sa longue chevelure est portée par le vent, Elle flotte lentement et flatte mon visage, Au soupir d'une brise ils bougent doucement, Leur parfum enivrant me paraît un mirage.
Seul claque dans la nuit le bruit de nos talons, Mes pas sur le trottoir ne savent où nous allons, Mais j'accepte d'entrer dans les ruelles sombres, De suivre ce mystère à la faveur des ombres.
Et si je ne sais pas où ma belle inconnue Nous conduit de nos pas en cette nuit venue, Je la suis, car je sais que ne le faisant pas, Je perdrais à jamais cet Amour fait pour moi.