Moi je veux une gomme pour tout effacer, Une belle gomme blanche qui raye la tristesse ; Moi je veux une gomme pour tout supprimer, Mes douleurs amères et aussi mes détresses.
J'en passerai un coup sur une peine de cœur, Et j'oublierai enfin mes amours déçus ; J'effacerai ainsi chacun de mes malheurs, Et mes larmes anciennes, je ne les verrai plus !
Et hop ! Un coup de gomme sur quelque passé sombre, Et hop ! Fin des histoires qui rendent malheureux, Bannies de leur refuge, et ces pensées en nombre, Je ne les aurais plus jamais devant les yeux.
Mais...
Devrais-je donc effacer les lettres de mes peines ? Ces phrases forment aussi le livre de ma vie ! Devrais-je donc arracher du sillon de mes veines Une partie de moi finalement jolie ?
N'en laisserais-je donc pas la moindre petite miette ? N'y a t-il pas derrière ces supplices pieux, Quelque visage charmant, une fleur fluette, Et la beauté discrète d'un passé précieux ?
Faut-il donc oublier ce qui nous a construit ? Une histoire belle et triste, le souvenir d'un être, Qui un jour dans l'histoire de notre petite vie, Nous aimait et sincère, nous souriait aussi ?
Faut-il gommer tout ça, ces visages charmants ? Non, non ! Je ne veux plus, ne me les enlevez pas ! Je vous rend cette gomme, elle ne m'est pas utile, Je veux aimer encore et ne rien oublier...