La Mort
La Mort étreint les hommes de son souffle glacé,
Les consument lentement de ses doigts décharnés,
Enveloppe les vies de son haleine putride,
Anesthésie les cœurs de sa bouche fétide.
Sur sa charrette grinçante aime à venir l'Ankou,
Apposer dans un souffle ses doigts sur un cou,
Sa large faux moissonne comme on fauche le blé,
Et emporte avec lui une vie convoitée.
Au sommet de sa tête une vaste cagoule,
Qui dissimule à peine son crâne de goule,
Abrite deux orbites et masque son faciès,
Marqué par le sinistre rictus d'Hadès.
Par dessus tout il aime visiter les charniers,
Vastes champs de batailles où le sang a coulé,
Pour sa récolte il passe dans un rire sinistre,
Profite des révoltes et emporte un ministre.
Il se nourrit à même les larges sillons,
Creusés pendant les guerres dans le creux des vallons,
Tranchée après tranchée il explore et inspecte,
Achève les blessés comme on tue des insectes.
Les roues de sa charrette écrasent les mourants,
Ses sandales piétinent les corps agonisants,
A sa suite, hurlantes, un tourbillon de mouettes,
Font dresser au passant les cheveux sur la tête.
Il est depuis toujours accompagné de Parques,
Qui sur les fronts glacés posent leur triste marque,
Leur sécateur immense et rouillé prend les vies,
Elles tranchent l'existence d'un air de défi.
Tiré par des squelettes en forme de chevaux,
Il parcourt le monde par monts et par vaux,
Il ne se presse pas, sait qu'il a tout son temps :
Il prendra tous les Hommes, tour à tour, dans ses rangs.
2007