Il marche sur un fil suspendu dans le vide, C'est un fil fantôme que personne ne peut voir, C'est celui de la vie et de tous ses hasards, Qui traverse la nuit comme un rêve lucide...
Il aime à y passer, impavide et tranquille, Apprécie d'y flâner le regard dans le vague... Il hésite à tomber d'un côté de ce fil, Et prendre par la main cette mort qu'il nargue.
Il se faudrait un rien pour qu'il vint à se rompre, Peut-être un coup de vent qui le ferait frémir, Il sentirait alors son histoire s'interrompre, Pour un nouveau voyage pourrait enfin partir.
C'est comme un jeu funeste, attirant et dangereux : Tantôt il tend la main pour caresser la vie ; Il aime à écouter le chant des amoureux, Ou humer le parfum d'un instant d'infini.
Mais parfois, le désespoir l'étreint, insidieux... Il tend alors l'oreille vers le cri des corbeaux, Et c'est l'ange de la mort qui lui fait de beaux yeux. Souffrant de la terre et de tous ses fléaux, Il passe dans le ciel comme au dessus d'un feu...