Ta pâle robe blanche flotte le long des eaux, Tes longs voiles diaphanes traînent dans les roseaux, Ces ailes dépliées t'empêchent de couler, Te couvrent d'un linceul pour la postérité.
Tu glisses lentement dans le lit d'un grand fleuve, Vers un lieu merveilleux où les Anges s'abreuvent, Quelques poissons surgissent, derniers admirateurs, Viennent t'escorter pour ta dernière demeure.
Zéphyr lui-même accourt, amer et plein de rage ; Il souffle tristement au milieu des feuillages ; Il hurle, désespéré, l'ultime requiem, Comme un dernier hommage à la belle qu'il aime.
Une belle rose bleue, escortée par les eaux, Est venue se fixer dans tes cheveux corbeaux ; Tes longues mèches brunes ondulent à la surface, Se meuvent lentement comme des nymphes qui passent.
Tu coules sous une arche de branches fleuries, Une allée de grands chênes forme une haie d'honneur, Pour ton triste départ vers une nouvelle vie, En un lieu somptueux bariolé de couleurs.
Ton petit corps fragile fuit le monde si vite, Le fleuve t'emporte enfin vers un tout nouveau gîte, Tes doux yeux d'émeraude à tout jamais scellés, Seront dans la mémoire des gens qui t'ont aimé.