Une Muse descend de la Lune...
Un jour, tout doucement, une Muse quitta la lune...
Elle est venue sur Terre, encore ensommeillée,
Arrivant par la mer et marchant dans les dunes,
Pour apporter le rêve en ce monde étonné.
Descente délicate d'un escalier de dalles,
Aux marches transparentes qui brillent sous ses pas,
Un beau matin de Mai, par un rayon opale,
Elle posa sur le sol un pied nu délicat.
Elle est venue cette Muse, dans l'ombre et dans le froid ;
Sous l'œil de Pierrot, devant sa triste mine,
A glissée lentement à son grand désarroi,
Vers ce monde sombre où les gens s'acheminent.
Il était triste lorsqu'elle est partie ;
Elle se baignait nue dans les fleuves lunaires,
Et, sortant de son lit, d'une allure légère,
Elle est venue et a sourit.
Alors, le monde s'est changé en sourire vermeil ;
La Terre a inspiré et s'est mise en mouvement,
La nature a bougé, et c'est là la merveille,
Tout s'est purifié dans un rire d'enfant.
Parfois, la lune se couvre d'un grand voile noir,
Comme une dame en deuil qui se cache d'un châle,
Elle est mortifiée, pleurant de désespoir,
De ne plus voir sa fille au visage si pâle.
Elle est là en voyage, mais pour un bref instant :
Un souffle universel, une brise lunaire,
Le temps lui semble long sur la sinistre terre,
Mais elle retournera dans « l'astre au front d'argent ».
Alors un jour prochain, mais surtout pas trop vite !
Éclairée d'une lueur blafarde et doucereuse,
Elle aura le sourire d'une femme amoureuse,
Et ira s'endormir dans son doux satellite.
Alors, le monde observera cette blonde opaline,
Où sera repartie une Muse Divine ;
Il aimera penser à sa belle égérie,
Venue un beau matin, à présent endormie.
Le regard dans le vague et le sourire aux lèvres,
Ému, il pensera à ces tendres moments,
La larme à l'œil et le cœur palpitant,
Le corps en proie à une douce fièvre...
