Transpiration
C’est l’heure incandescente,
Où les vieux font la sieste,
Bercés par les cigales
Et le vol des bourdons.
Brûlant le ciel, soupirs…
L’air est lourd.
Au loin, c’est la plainte d’un violon,
Les pleurs d’un nourrisson...
Ici, c'est le silence, l'observation...
Ils ont glissé au long du blanc des murs.
Lui, la dévorant des yeux.
Elle, et sa jupe légère,
Lys orangé, œillet, le teint fier,
L’air heureux.
Jalousie,
Persienne demi-jour sur la ville alanguie.
J’ai fermé ma fenêtre
Aux montants de dormant,
Puis j’ai tiré le store, trop d’éclat,
Trop de blanc.
J’attends derrière la jalousie.
Ils ont ouvert la porte du petit appartement,
D’un même geste, d’un même mouvement.
Lui, la caressant des yeux.
Elle et ses airs sages,
Elle et son corsage, l’air volage.
Jalousie, ombre de mes jours,
Parasol de mes nuits.
Je les entends qui rient à gorge déployée,
Désir, baisers.
Souffle court, cœur battant.
J’entends derrière la jalousie...
Ils ont tiré le tissu voile de crêpe,
Soulevé par le vent.
Lui, la déshabillant des yeux.
Elle et sa chevelure, croupe offerte,
L’air provoquant.
Leurs corps valsent et tanguent
Follement, éperdument.
Mains viriles, petits seins blancs...
Observations...
Transpiration... Han !
Jalousie, paravent de mes envies,
Désir d’amour infiniment…
J’ai la bouche sèche et le ventre brûlant.
Jalousie, lamelles de mon enfer...
Je ferme mes volets et je pleure mon amant,
Celui d'antan.