Un homme regarde une femme. Il ne sait goutte d’elle, Sinon ce doux parfum lorsqu’elle traverse ici. Seulement, le bruit d’étoffe, Le petit pas pressé, Le clairon d’une voix qui salue au passage… Sinon l’altière allure, Le petit port de tête, la chevelure divine, Et cette main gracieuse, tendue et quelques pièces, Les nouvelles qu’elle emporte. Il se ferait journal, pour être pris comme si, Contre cette poitrine et la fleur à la broche. Il se ferait gros titre, pour être lu ainsi, Effeuillé dans la foule en attendant ce bus, Caressé du regard distraitement. Nerveux. Il balbutie des phrases, dans sa tête, comme un rêve. Il dit des mots velours que personne n’entend, Comme l’on répète un texte juste avant de jouer. Il les connaît par cœur depuis le temps passé : « - Vous… Et si vous permettez. Je… ». Silence. Des mois que cela dure…
Un homme écoute une femme. Elle est au téléphone et le sourire radieux, Un baiser sur les lèvres tendu vers l’Invisible. Un amoureux fiévreux à l’autre bout du fil ? Un tout petit enfant ? Une amie ? Une idylle ? Un homme regarde une femme. Il ne retient rien d’elle, Sinon ce doux refrain lorsqu’elle descend ici. Rien qu’un regard, rapide, délicatement sur lui, Et ces mots qu’elle adresse timidement aussi : « Je… Et si vous permettez. Vous… ». Frôlement. Battements de cœur. Serré. Balbutiements : « - Pardon ! ».