Mon petit violon gris! Prends pitié de moi, De ces lignes brisées, de ces lettres ingrates, De ces regards meurtris, de cette bile mate Qui miroite à travers les pores de l'émoi.
Mon joli violon gris! Prends pitié des ponts Qui succombent soudain aux foudres de tes cordes, De ces ruisseaux frustes dont l'élixir t'accorde L'ivresse des sens et la force des typhons.
Je serai le témoin, ô mon poisson d'avril, De cet archet divin qui effleure ton nombril Comme la brise du matin, douce et fraîche.
Je serai le parfum exquis d'une folie Qui saupoudre les airs de la mélancolie Sur ton bassin quand il souffle des notes sèches.