J’ai décidé de vieillir, reclus parmi mes livres pour finir en beauté… J’ai pris le parti des écrits M’en remettre aux illustres Pour choisir ma symphonie. Je devrais peut-être choisir entre vieux et jeunes loups pour la touche finale... En musique j’hésite encore Entre l’hymne à la joie, Et le requiem de Mozart. Dans ce monde de folie Die Walküre prend le pas Sur un Rainer Maria Rilke. Me faudrait-il faire des concessions pour arrimer mon embarcation À un hypothétique port d’attache. Pas facile de faire le bon choix Lorsqu’on a pour tout bagage qu’un certificat d’études… J’ai encore de la peine à croire que j’ai faussé la route à l’horde Qui me ventait le lieu du ban… Depuis une moitié de décennie, Je fais que des courbettes en vain pour me faire accepter sans succès Je feins de croire aux promesses Du salut en guise de surprise Et l’enfer en châtiment sur la balance… je n’ai jamais été tenté par les ivresses Des petits samaritains du jihad Qui usent d’une ignoble violence. J’ai suivi à la lettre Camus sur la piste de l’étranger pour fermer la parenthèse. Ça m’a valu quelques brimades Et une cage en banlieue parisienne, Et l’halage en seine de noyade. J’ai découvert très tard, Au soleil Le printemps et le tintamarre Du coivid pour mourir en otage. diable ! Qui l’aurait cru, il aurait suffit d’un virus Pour mettre la planète à l’arrêt. Mêmes les va-t’en guerre se sont tus En se retranchant dans leur bunker, Par manque de masques. J’ai entendu le discours de nos bons fossoyeurs Mettre en ligne le christ. Il m’a fallu quelques pilules pour me remettre du huit-clos Et tendre les oreilles au néant. La nausée emporta castor Le deuxième sexe s’emeut D’une contrebasse sans cordes. J’ai fauché les mauvaises herbes tirant sur les cordes d’une guitare Pour y faire entrer mes chansons. J’ai même adopté un vilain pigeon... il n’avait pas le goût de mes rues Ni les délices de Syr et Carthage. Il m’a fallu rebrousser chemin, Prendre à contrepied le destin Pour ne pas aboyer en vain… En exil au pays de Dunant J’ai repris du poil de la bête « post tenebras lux » Mais, Je n’étais pas si dupes Pour croire au miracle Et me saper le moral. J’ai exclu de ma liste les philosophes Tous les chroniqueurs à deux balles Le désenchantement et le désespoir. Puis, J’ai mis une tune pour les offrandes En faisant vœux de silence Sous un grand ciel d’hiver.