Rih, tel était son surnom Et ce n’est pas du vent, Il franchissait vaux et monts Sans gaspiller son temps. De la rudesse de la vie Il se nippait de guenilles, Lui, joyeux conteur aguerri Qui sillonnait les bourgs et les villes. Un jour, résolut à se fixer, Il construisit une cabane ; De roseaux et de terre il l’a édifiée, Elle fut source de sa manne. De sa vie, il n’a fait le mendiant, En témoignait sa cahute Que lui enviaient les passants, Mais que le fisc lui dispute. De ce comptoir florissant Il n’y a point de discute, Thé et café sont probants, Des roseaux filtraient des volutes. Mais un jour gravé dans les mémoires, L’administration vint en inspection Pour lui faire payer ses déboires Et les fruits de ses ultimes passions. Des gendarmes, de mousquets armés Lui citèrent un ordre d’expulsion Qu’il fallait à tout prix exécuter Sous peine de l’expédier en prison. Il se saisi de ses ustensiles et pichets Dont il fit un mesquin baluchon, Prêt à sacrifier tout ce qu’il a édifié Sans piètre mot ni gesticulation. D'une démarche sûre et intègre, D’un vif regret il quitta son fond, Puis s’adressant à eux d’un ton aigre, Il fit : « Fermez et confisquez sans façon ». Telle fut l’époustouflante histoire Qui se propage à travers les générations ; Paix à ton âme, honneur à ta mémoire ; Rih, toi le père d’une banale réflexion.