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Mohand-Raschid SEKARNA

Rih (*)

Rih, tel était son surnom
Et ce n’est pas du vent,
Il franchissait vaux et monts
Sans gaspiller son temps.
De la rudesse de la vie
Il se nippait de guenilles,
Lui, joyeux conteur aguerri
Qui sillonnait les bourgs et les villes.
Un jour, résolut à se fixer,
Il construisit une cabane ;
De roseaux et de terre il l’a édifiée,
Elle fut source de sa manne.
De sa vie, il n’a fait le mendiant,
En témoignait sa cahute
Que lui enviaient les passants,
Mais que le fisc lui dispute.
De ce comptoir florissant
Il n’y a point de discute,
Thé et café sont probants,
Des roseaux filtraient des volutes.
Mais un jour gravé dans les mémoires,
L’administration vint en inspection
Pour lui faire payer ses déboires
Et les fruits de ses ultimes passions.
Des gendarmes, de mousquets armés
Lui citèrent un ordre d’expulsion
Qu’il fallait à tout prix exécuter
Sous peine de l’expédier en prison.
Il se saisi de ses ustensiles et pichets
Dont il fit un mesquin baluchon,
Prêt à sacrifier tout ce qu’il a édifié
Sans piètre mot ni gesticulation.
D'une démarche sûre et intègre,
D’un vif regret il quitta son fond,
Puis s’adressant à eux d’un ton aigre,
Il fit : « Fermez et confisquez sans façon ».
Telle fut l’époustouflante histoire
Qui se propage à travers les générations ;
Paix à ton âme, honneur à ta mémoire ;
Rih, toi le père d’une banale réflexion.


(*) Rih= vent