Je rêvais, au printemps, d'embarquer pour Cythère Sur le fragile esquif que vous m'aviez promis : Trop léger il versa, me laissant solitaire Au jardin dévasté des tourments insoumis.
Sans pluie, en mon été périrent quelques roses ; L'inutile chagrin a desséché mon coeur. Il me fallut gommer votre nom et les choses Qui, jadis, s'appelaient simplement : le bonheur.
Lorsque survint l'automne, armé d'un vent sauvage, Il faucha sans pitié mes fleurs de passion. J'ai voulu batailler, juguler ce ravage : Aux jachères du temps languit l'illusion.
Un rigoureux hiver dépouilla mon attente, Je m'en fus grelottant sous la bise des mots, Vous m'aviez oubliée et, que je dise ou tente, Sur l'écho désolé ricochaient mes sanglots.
En passant chaque année a griffé mon visage, Vainement j'ai tenté de nouvelles amours, Ma jeunesse a pris fin, et ce n'est pas l'usage D'écouter maintenant le chant des troubadours...
Le retour du printemps avive ma souffrance : Lorsque le marronnier coiffe son blanc chapeau, Je n'ai de vos baisers que douce souvenance Et l'ardeur du soleil pour me brûler la peau... Mona PIERI