Ne jamais oublier tous les bougainvilliers, Les violets roses des maisons occidentales ; Ni, dans les médinas, les fleurs fruits orangers, Figues de barbaries aux piquants, sans pétales…
Ne jamais oublier ces sables ondulés Alentour d’oasis flottant dans des mirages ; Ni le regard d’enfant, de douze ans, rappelé à la casbah du père, enfermé pour mariage…
Ne jamais oublier l’hiver en Haut Atlas, L’enfant, berbère, guide, en tournée sanitaire ; Ni le ramadan fait, même en soirée Christmas, Ni la menthe et le thé, sous tente hospitalière…
Ne jamais oublier la route du désert, Arrêts chez les caïds, les parents des élèves ; Ni le manger, le boire et le coucher offerts Avec cérémonial d’épices et de fèves…
Ne jamais oublier l’étendue du berger, Sa houlette pointée sur les moutonnées sentes ; Ni la petite, derrière les barbelés, Cachant ses deux enfants, répudiée, sans parente…
Ne jamais oublier les tressés des cheveux Enrubannés de ces élèves blondinettes ; Ni les brunettes mains des petits désireux De donner leur gâteau, s’en gardant quelques miettes…